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PipoGirl

22 septembre 2010

"Et puis l'année d'après, je recommencerai, et puis l'année d'après, je recommencerai..."

2 septembre : retour dans la fosse aux lions. C'est reparti pour une année de folie!

Rentrée des tout p'tits choupinous cro mignons à 8h avec môman et pôpa (et le mini-cartable rose trop beau avec des nounours à paillettes dessus), les autres (ceux que je connais déjà par coeur - ça aide d'avoir TOUTES les classes TOUS les ans -, qui se croient chez eux - cf les pieds sur la table quand ils sont en perm' - et dont je me souviens même plus que j'ai pu les trouver mignons ne serait-ce qu'une semaine) 9h.
PP de 4ème, je pouvais donc m'octroyer une putain de grasse mat' jusque 8h. Que nenni. J'ai préféré débarquer 1 heure plus tôt. Pas pour préparer (c'est pas mon genre), juste qu'on m'avait dit que Super Chef qui faisait rentrer les 6èmes, ça valait carrément le coup d'oeil. Et effectivement, j'ai pas été déçue.

"Bon, alors, euh... Hum hum! Euh, bon, on va commencer. Oui donc. Hum. Je vais parler plus fort.

Bonjour à tous! On m'écoute? Oui donc BONJOUR A TOUS! Bon, non, pas comme ça. Non placez-vous plutôt en demi-cercle. Oui c'est mieux. C'EST BON? TOUT LE MONDE M'ECOUTE? Oui, donc bienvenue ici..."

Et une fois l'appel lancé : "Jâson Dubois. Jââââson? JAAAAASON??? ("Euh non Monsieur le Principal ça se prononce Djézonne") Ah, euh... DJEEEEZONE!!! Il est où l'américain??? Ah, yes, come here! Good! Euh... Jessica? Jessica cahuètes dans ma poche? Hihihihi Eve? EEEVE??? Allez Eve lève toi! Ahahaha!!! Isabelle? Hé t'as les yeux bleus Isabelle? Ohohoho!!!!!"

Eh ouais, véridique. C'est-à-dire que nous on a pas un principal, on a un clown, dont la crédibilité auprès des élèves est à peu près équivalente au nombre de parents de 3èmes qui viennent me voir aux réunions mamans-profs (c'est-à-dire proche de zéro), et ce dès leur premier jour de 6ème. Donc aucune pression sur les élèves mais peu importe, puisqu'on se marre comme des baleines!

A 9h les miens débarquent et là, ça commence fort : le fameux Dylan B. (déjà 2 ans qu'on le supporte alors qu'il a un casier judiciaire plus gros que ma liste d'élèves) passe devant l'alignement de profs et nous pointe du doigt un par un en criant "pan! pan! pan!". Je bosse pas à Columbine, le présumé pistolet n'était en fait qu'une main, mais je me dis que j'ai encore eu une brillante idée de la demander cette classe principale en sachant pertinemment qu'il serait dedans...

Heureusement le reste de la matinée se passera sans encombre : 3 heures avec Dylan, je me suis demandée si je sortirais de la classe vivante (ou du moins avec mes deux yeux), mais finalement le petit Dylan quand on le couve comme une mère poule, il est presque mignon. De loin. Si on occulte son regard de psychopathe. 

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21 septembre 2010

"Car je resterai... ta meilleure amie!"

Bah oui, désolée, mais quand on utilise des textes de chansons pour nommer ses posts, y'a bien des fois où on est obligés d'aller piocher dans l'herbe un peu jaunie du voisin.

Petit flashback de juin : dans 3 jours c'est les vacances, 3 élèves sont rangés (quoiqu'à 3 ça ressemble plus trop à un rang) devant ma salle...

- "Vous voulez m'emmerdez jusqu'au bout c'est ça??? Mais vous êtes encore là? Vous êtes pas partis en vacances comme vos petits camarades???"
- "Bah non Madame on voulait juste venir ce matin parce qu'on vous avait"
- "Oh mais fallait pas!" (non, vraiment, fallait pas... Punaise quand je pense à Stéph qui pendant ce temps-là est en train de s'enfiler un max de Côte d'Or chocolat au lait noisette en salle des profs avec toute la clique de maths...)

Bon comment on va les occuper ces trois-là... "Tiens Jérémy tu veux une guitare? Mais oui t'as le droit, exceptionnellement parce que c'est toi et que c'est la dernière fois qu'on se voit de l'année et que c'est le meilleur moyen pour que tu me foutes la paix pendant une heure". Et hop, déjà un en moins.
Et, comble de la chance, Marine et Cindy vont, quant à elle, fixer le programme toute seule :
- "Madame on peut vous poser des questions?" Ouh la qu'est-ce qu'elles vont me sortir encore ces deux-là...
- "Euh, oui... Enfin tu peux toujours poser mais je te promets pas de répondre"
- "Vous l'avez eu où votre collier? Parce qu'avec Cindy on a trop flashé dessus, il est troooop beau quoi!" (Pas sûre que ça me rassure, vu les immondes chaînes et boucles d'oreille bling bling qu'elles arborent à longueur d'année scolaire)
- "On me l'a offert"
- "C'est qui qui vous l'a offert???"
- "Ma meilleure amie"
- "Meilleure meilleure? Je veux dire, "besta" quoi ou juste "best"???"
Euh...

Bah oui, il faut le savoir, mais la gamine de 5ème classe ses copines en 3 catégories : BESTA, BEST et BESTOUNE.

Attention, migraineux et blondes, abstenez-vous de lire la suite (d'ailleurs je suis moi-même blonde, et c'est bien pour ça que je n'ai pas relu cette partie)

Alors d'abord la BESTA : la besta, c'est la meilleure de chez meilleure quoi. Celle dont tu peux pas te passer, THE seule et younique, celle dont t'écris le nom partout (au stylo dans l'agenda, au marqueur sur le cahier de zik, au cutter sur le bras...) accompagné d'un caractéristique "j'te kiffe trop ma besta".

Ensuite y'a la BESTOUNE. Hum, la bestoune, c'est presque une besta, mais pas tout à fait quand même. Bein ouais, parce que la besta, elle est unique quoi, c'est l'amie suprême. Alors que la bestoune, tu peux en avoir deux ou trois (max), mais tu partages quand même des moments trop kiffants avec elle, genre des soirées msn interminables où tu lui expliques que Kévin, c'est trop un bouffon, mais que t'es quand même méga love de lui, surtout depuis qui s'est percé l'oreille à la punaise (un mec, un vrai!)

Et les BESTS (eh bé ça fait beaucoup de consonnes ça pour un mot aussi petit), bein c'est toutes les autres.
"Oui donc une best c'est juste une amie quoi, elle a rien de "best"?"
"Bein si Madame allons! La best c'est quand même une best quoi! C'est pas comme une besta ou une bestoune, mais c'est vachement important!"

Ah ouais... o_O

20 septembre 2010

"Quand vient la fin de l'été..."

1er septembre : ça y est, c’est reparti. J’ai pas dormi de la nuit.

Non, je ne suis pas un pauvre stagiaire qui a déjà le bide qui se retourne à l’idée de se coltiner 18 heures avec 30 fauves en furie sans avoir jamais enseigné.

Non, je ne me retrouve pas dans un bahut inconnu où tous les anciens se tapent dans le dos en se racontant leurs vacances à Hendaye alors que toi tu te retrouves tout seul comme un con au milieu de cette foule qui ricane bêtement en comparant son bronzage.


C’est ma troisième rentrée ici et je fais déjà partie des murs : et vas-y que je te bizouille le gestionnaire, que je t’avale un max de pépitos en demandant à Carole pourquoi elle a doublé de volume en deux mois (« Bah dis donc t’as abusé de la bière cet été ma grande ! Ah t’es enceinte ? Félicitations ! ») et que je te soudoie la secrétaire pour avoir mon emploi du temps avant tout le monde (mais ça marche jamais. Ah la garce !).

La nuit a donc été étonnamment courte, mais plus par excitation que par stress (comme une gamine avant d’aller voir Mickey, sauf que chez moi Mickey porte une immonde veste jaune moutarde, une moustache en tire-bouchon – si si c’est possible – et se tapis derrière une grande et effrayante porte rouge, marquée « Monsieur Le Principal »).

Des questions plus palpitantes les unes que les autres s’enchaînaient dans ma tête : « Est-ce qu’ils vont bien me filer la 4è D en classe principale comme je l’avais demandé ? », « Est-ce que j’aurai enfin mon vendredi aprèm ? », « A quoi ressembleront les nouveaux ? »…


Arrivée un peu avant 10h, je file chez Brigitte la secrétaire : « alors, j’ai bien la 4ème D ? » « Oui ! » Cool ! Y’a ce taré de Dylan B. à faire exclure rapidement, mais après ça elle sera top cette classe. Et puis je pourrai suivre la petite Marion que j’avais aussi l’an dernier, qui a redoublé et que son père met jamais à l’école sauf quand je lui gueule dessus au téléphone. Ouais, ça va le faire.


Après une trentaine d’embrassades et quelques papotages, nous voilà sagement assis prêts à écouter le chef :

- traditionnelles présentations pour les nouveaux (avec Stéph et J-B on fait le concours tous les ans de celui qui fera la prestation la plus originale : cette année, victoire par KO de PipoGirl qui, avec son salut à la reine Elisabeth, s’est déjà fait imposer un sacré respect de la part des stagiaires. Et pas que.)

- résultats du brevet (remerciements aux profs de maths, français et histoire-géo. Euh, on aurait pas oublié PipoGirl et CansonMan ??? L’épreuve d’histoire des arts, ça a quand même rapporté 2 points supplémentaires à Maxence, Jessica et Justine, les 3 seuls à avoir bien voulu la passer. Et encore, après que je les ais suppliés en leur promettant de les laisser taper 5 minutes sur la batterie et leur faisant miroiter un max de carambar.)

- et petit speech que tout le monde s’en fout (nous tout ce qui nous intéresse c’est nos emplois du temps)


Après 1 heure 30 de palpitations (« Stéph j’en peux plus, essaie de lui chiper les emplois du temps discrétos, le mien il est au-dessus de la pile ! »), de commérages (« y’a pas à dire, le fuschia ça lui va pas à la CPE ») et de blagues pourries pour faire passer le temps, ça y est, je l’ai enfin entre les mains : j’ouvre le dossier, les mains tremblantes, et là, y’a un truc qui cloche… « Eh Brigitte, l’imprimante elle a beugué, c’est tout vide au milieu ! » Ah bein non, c’est bien ça : lundi et vendredi blindés, mais entre deux, rien : juste trois heures perdues le mardi. « Euh… et mon vendredi aprèm ??? » « Oh ça va hein te plains pas, te vlà maintenant avec deux week-ends dans une seule semaine ! » Hum, oui, c’est pas faux… Et puis ça me fera des économies d’essence.


Un apéro suspect et un repas ignoble plus tard (punaise pour 10 euros j’aurais mieux fait d’aller voir Ronald qui crèche à 5 minutes de là), c’est réunions pédagogologiques tout l’aprèm : ça me fait toujours rire le « vous vous réunissez par matière ». Pas de souci au sein de mon équipe de musique, ils sont tous exceptionnels (bein oui, y’a que moi)

Alors ces deux heures de réunion se transforment en furetage dans les différentes salles : anglais, techno, maths... Surtout maths. C’est les plus rigolos ceux-là.


Et même que je finis la journée en mettant ma petite étiquette « Education musicale » dans tous les cahiers de texte des classes pour être sûr qu’on me laisse une ‘tite place car Alejandro le prof d’espagnol il doit croire qu’en musique on fout que dalle puisqu’il se réserve 3 onglets à lui tout seul (alors que mi-octobre il aura déjà arrêté de le remplir, c’te feignasse)

19 septembre 2010

"J'me présente, je m'appelle Henri..."

Euh, nan. En fait, my name is Girl. PipoGirl. Référence aux adorables petits noms donnés par les infectes collègues de mon tout premier bahut, quand j'étais néo-tit' et TZR et dans un établissement sensible (une année de folie quand j'y repense! Ca vous forge un prof!)

Désormais prof de pipeau musique "Education Musicale" dans un bahut perdu en plein milieu de la campagne française (quoique des fois avé leur accent boudu on s'le d'mande), j'adore mon métier, même si certains aspects me semblent aberrants, et le comportement de certains de mes petiots aussi, mais bon de quoi se plaint-on, nous pauvres feignasses??? Inutile de relancer le débat et répondre aux mauvaises langues que pinaise avec les heures harassantes qu'on peut parfois (souvent?) subir avec des gamins dont les parents pensent que c'est à nous de les éduquer et les soirées de folie que je passe 6 jours par semaine sur mon ordi à remplir fastidieusement des tableaux « nouveaux programmes » à 57 entrées complètement hallucinants, je serais sûrement plus tranquille 35 heures dans un bureau à faire un peu de paperasse…

Oui mais :
- quand les 6èmes en début d’année te bouffent des yeux en levant la main pour dire « Madame comment vous chantez trooooooooop bien !!! » et se lancent des petits regards complices et agréablement surpris quand ils effectuent des échauffements vocaux pour la première fois,
- quand Marion (absentéiste notoire, référence à son père célibataire et malade qui préfère qu’elle reste à la maison pour faire la vaisselle, emmener son petit frère chez le médecin et tapisser) elle redouble et qu’elle te demande d’être à nouveau sa prof principale parce que « comme vous appelez et convoquez régulièrement mon père il en a marre alors il me met plus souvent à l’école »,
- quand Marine et Cindy elles te sortent qu’elles t’ont prise en photo à ton insu, que t’es déjà prête à leur sauter à la gorge (surtout qu’elles ont un déjà un sacré casier judicaire les pipelettes !) et que là elles t’offrent un trop beau cadre avec toi dessus qui dirige ta chorale, décoré main avec des écritures pailletées et des autocollants violets « passque c’est vot' couleur préférée madame »,
- quand Mickaël de 3ème B (2,5 de moyenne et 12 rapports au compteur. En septembre.) il se tient bien et a 15 de moyenne en musique  « parce que c’est pas un cours comme les autres »,
- quand Maxime et sa bande de potes, puis Marine et sa bande de bestounes (à pas confondre avec « besta » ou « best », rien à voir – cf deux articles plus loin) prennent tour à tour le micro à la fin du spectacle de fin d’année pour expliquer à 400 personnes que Madame PipoGirl elle trop top « parce qu’elle nous fait faire des spectacles de folie et qu’elle est trop patiente avec nous alors qu’on est des gros casse-bonbons »,
- quand tu quittes ta salle le 2 juillet les bras remplis de bouquets et de chocolats (même suspects),

tu te dis que ça vaut bien toutes ces soirées passées devant ton ordi et ces heures nerveusement éprouvantes où t’essaies de tirer quelque chose de ces gueudins de 4ème D et F. Et de 3èmes G. (et puis un peu les 3èmes B aussi)

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